Une histoire de Montvalent

L'église et des maisons du barry bas

 L'ancienneté de l'occupation humaine aux environs de Montvalent est attestée par le nombre important de dolmens ainsi que par la présence d'un abri fortifié surplombant la Dordogne à quelques kilomètres du village, à la Roque.

L'histoire de Montvalent ne débute pas sur le site actuel de la localité. Il faut chercher l'habitat primitif en contrebas du village actuel. Ce site primitif s'appelait Brassac, et était le siège d'une viguerie très importante. 

Brassac était au Moyen Age le chef-lieu de la vicomté du même nom, dont dépendait Montvalent. On trouve encore trace des ruines d’une église appartenant au site de Brassac, construite "en petits blocs unis par un ciment presque semblable à celui des Romains. Non loin se trouvent des fondations et des briques romaines qui indiqueraient l'emplacement d'une ancienne ville. A peu de distance de l'église, on voit les restes de murs bien soignés qui seraient ceux d'un vaste château", explique l’historien J.A. Delpon (1) en 1831, ce qui donne une bonne idée de l’ancienneté du patrimoine historique local.

Brassac était admirablement bien situé en bordure de Dordogne. Le castrum contrôlait à la fois un port sur la rivière ainsi que le chemin allant sur Rocamadour, important lieu de pèlerinage après 1166 et en plein boom au 14ème siècle. La vicaria et le castrum de Brassiaco sont cités en 930 dans un acte de donation de Frotard vicomte de Cahors, à l'abbaye d'Aurillac de terres dans la viguerie de Brassac.

En 1054, l'évèque de Cahors reçoit l'hommage de Bosc, vicomte de St Cirq Lapopie et de Calvignac pour les lieux de Brassac et Montvalent. En 1190, à l'insu de l'évèque de Cahors, Guillaume vicomte de Calvignac vend à Raymond II de Turenne la vicomté de Brassac qui comprend les chateaux de Brassac et Montvalent. Bon gré mal gré, l'évèque de Cahors reconnait le vicomte de Turenne vassal de ces terres. Peu à peu le siège du pouvoir va se déplacer vers le castrum de Montisvalentis. Montvalent aura le titre de chatellenie dont dépendaient les paroisses d'Alvignac, de Floirac, de Saint-Hilaire et de Laval.

Mais Brassac n'est pas encore totalement abandonné car au cours des siécles suivants plusieurs mentions de Brassac apparaissent, ainsi en 1307 Bernard, comte de Comminges devenu par mariage vicomte de Turenne, prête serment à l’abbé de Tulle pour la vicomté de Brassac. On retrouve encore une mention Brassac au XVIème siècle. Puis, une dernière mention de l’église de Brassac en 1600. Cela tend à prouver que le site de Brassac a été progressivement abandonné après les ravages de la guerre de Cent Ans et les guerres de religion au profit d’un site plus aisément défendable.

Quant à son vieux cimetière (d’après une tradition locale) il aurait été épisodiquement utilisé jusqu’à la fin du XIXème siècle. L’église castrale, elle a été utilisée jusqu’au milieu du XIXème siècle. Suite à des fouilles entreprises à la fin des années 70, on a découvert dans l’enfeu une sépulture datant de 1847.

Au cours de la guerre de Cent Ans, le pays est ravagé par les anglais et les Grandes Compagnies. La forteresse fut occupée pendant quelques années par une garnison anglo-gasconne comme base pour lancer des raids dans les villages environnants.

Le prieur de l’hôpital de Rocamadour écrit en 1363 que “la guerre dure depuis quinze ans et qu’à cause de cela, et de la mortalité, la province est dénuée d’habitants, les terres sans culture et les revenus réduits à rien.”.

En 1372, Malgré le traité de Brétigny, qui met fin pour un temps à la guerre de cent ans, le Quercy est ravagé par les Grandes Compagnies. A cette période, les remparts de Montvalent tombent en ruine.

Guillaume-Roger de Beaufort, vicomte de Turenne rencontrant des problèmes financiers s’adresse à son frère Pierre-Roger qui vient de monter sur le trône pontifical sous le nom de Grégoire XI. Ce dernier fait remettre aux habitants de Montvalent une importante somme “pour la réparation ou la reconstruction desdit remparts”. L’évêque de Sarlat Jean Réveillon sert d’intermédiaire pour ce leg. Malgré ce don, les Grandes Compagnies au courant du mauvais état de la place s’en emparèrent à la fin de 1372 ou en début de l’année suivante. Montvalent restera occupé jusqu’en 1379, date à laquelle le village est racheté par le Comte d’Armagnac, mais cela ne fait pas revenir les habitants. Dans un pouillé de 1405, le village est présenté comme désert.

La guerre de Cent Ans terminée, Montvalent redevient un bourg important grâce à son port sur la Dordogne. Au XVème siècle, près de 300 passages journaliers sont comptabilisés lors des grands pèlerinages de Rocamadour. Pour subvenir aux besoins des pèlerins malades ou blessés, un hôpital est crée dans le village. Cet hôpital du Saint Esprit cité au début du XVIème siècle dépendait de l’Hôpital de Montpellier. Le village se dote d’une halle et d’une place du Mercadial mentionnée encore en 1696. 

Mais à nouveau, le Quercy est emporté dans la tourmente d’une nouvelle guerre, les guerres de religion. Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne rejoint le parti protestant et implante le calvinisme dans tous ses fiefs dont Montvalent. Jusqu’à l’avènement d’Henri IV, le haut-Quercy sera la proie des chevauchées des chefs de guerre, tant catholiques que protestants. Ainsi en 1588, le seigneur de la Sarladie, restitue le château de Montvalent au vicomte de Turenne, château dont il s’était emparé quelques années auparavant.

A partir de 1738, suite à la vente de la vicomté de Turenne au roi de France, l'histoire de Montvalent s'inscrit dans celle du Royaume. En 1834, la commune de Montvalent est distraite du canton de Gramat et rattachée à celui de Martel. En 1880, la commune comptait 806 montvalentais contre 320 de nos jours.

Texte de Daniel GUTIEZ.